Appliquer des pratiques agricoles favorables

Plusieurs pratiques agricoles sont connues et reconnues comme étant plus ou moins favorables à la présence des plantes messicoles dans une parcelle agricole. Ainsi la réduction des traitements herbicides est une condition sine qua non de leur maintien. Pour ces espèces souvent adeptes de sols pauvres, il est recommandé de limiter les apports d'engrais qui vont favoriser des adventices plus gourmandes en azote et plus compétitives.

Un labour limité en profondeur, pratiqué à l'automne avec un outil évitant de retourner le sol (herse rotative ou cover crop, par exemple) permet de recouvrir les graines nécessitant une dormance, tout en créant une perturbation suffisante pour limiter le développement des "mauvaises herbes". Un déchaumage tardif permet aux espèces à floraison tardive d'accomplir leur cycle de vie et de se reproduire (ex : Delphinium verdunense).

Les rotations courtes et diversifiées privilégiant les céréales d'hiver, intégrant des cultures fourragères à semis automnal sont favorables. De même, des pratiques sur l'exploitation telles que le re-semis de graines de céréales produites à la ferme, l'utilisation des céréales produites sur place pour nourrir le bétail, sont réputées bien adaptées.

Retrouvez sur Osaé les témoignages de Julie Bertrand, Jacques Bascoul et Jérôme Gely, GAEC du Larzac – MILLAU (12)

 

Pour en savoir plus, un programme d'étude piloté par l'Acta et soutenu par le Casdar, a réuni des partenaires écologues et agronomes dans l'objectif de caractériser des systèmes de cultures favorables aux plantes messicoles dans un ensemble de 24 exploitations agricoles réparties en Bourgogne, en Midi-Pyrénées, en Provence Alpes Côte-d'Azur et dans l'Eure. Un protocole commun a été appliqué pour relever, sur les mêmes parcelles, les pratiques agricoles et la flore présente. Consultez la page internet dédiée au projet.

Les premiers résultats mettent en évidence l’existence de pratiques culturales seules ou en combinées ayant des impacts positifs ou négatifs sur la richesse et la composition qualitative des assemblages de plantes messicoles. Néanmoins, l’adoption de pratiques favorables au maintien des messicoles ne pourra se faire que si elles n’entrent pas en conflit avec la gestion des autres adventices et en particulier des adventices problématiques. Consultez la note de synthèse des résultats.

On notera que :

  • Les caractéristiques du système d’exploitation, conventionnel ou en agriculture biologique, ne suffisent pas à préjuger de la richesse et de la composition floristique en plantes messicoles.
  • Les pratiques culturales prises une à une ne suffisent pas à expliquer la richesse en plantes messicoles.
  • Une séquence de pratiques favorable peut accueillir une pratique réputée défavorable tout en restant globalement satisfaisante.
  • Les parcelles les plus pauvres en espèces messicoles ne sont pas labourées, et un  semis direct y est pratiqué. L’influence de cette pratique, de plus en plus utilisée pour favoriser la conservation des sols serait à étudier au sein de diverses séquences de pratiques culturales.
  • La comparaison de la richesse spécifique en messicoles et en autres adventices entre les groupes de parcelles révèle que ce ne sont pas systématiquement les parcelles avec le plus de messicoles qui présentent le plus d’adventices.

 

Cambecèdes J., Dessaint F., Rodriguez A., 2019. Quelles pratiques agricoles pour le maintien de communautés de plantes messicoles dans les parcelles cultivées ? ECOVEG14 - Ecologie des communautés végétales. 24-26 avril 2019 Toulouse (France).

Dessaint F., Bardet O., Cambecèdes J., Darmency H., Guillemin J-P., Huc S., Jammes D., Pointereau P., Rodriguez A., 2016. Quelles pratiques agricoles pour preserver les peuplements riches en espèces messicoles.

Rodriguez A., Dessaint F., Darmency H., Guillemin J-P., Cambecedes J., Garetta R., Gire L., Huc S., Jammes D., Pointereau P., Chardes M.C., Bardet O., 2018. Conservation des plantes messicoles dans les parcelles cultivées : caractérisation des systèmes de cultures favorables, rôles fonctionnels, perception par la profession. Innovations Agronomiques 63 (2018), 293-305.