Les plantes considérées comme messicoles appartiennent à différentes familles botaniques. Elles constituent un groupe d’espèces spécialistes qui vivent de façon préférentielle dans les milieux soumis à la moisson. Ce sont en grande majorité des plantes annuelles qui réalisent leur cycle biologique entre le semis et la moisson des céréales d’hiver. Certaines espèces vivaces à bulbes remarquables sont aussi considérées comme messicoles en raison de leur dépendance aux perturbations engendrées par l’activité agricole pour se disperser.
Les plantes messicoles sont à l’origine des plantes pionnières de milieux instables. La communauté des plantes messicoles inclut donc :
- Des espèces spontanées, issues de transgressions locales à partir de milieux primaires instables.
- Des plantes anciennement cultivées, qui ont pu se maintenir après l’abandon de leur culture.
- Et des plantes d’origines géographiques diverses, arrivées en France dès le néolithique par différentes voies de migration à la faveur de la diffusion de l’agriculture et d’échanges de semences.
La nature du sol est le principal critère discriminant de la composition des cortèges de messicoles. Les cortèges les plus riches se rencontrent sur des sols calcaires secs et peu profonds. Sur sols plus ou moins acides, se développent des groupements moins diversifiés mais caractéristiques. Les sols plus riches accueillent des espèces à amplitude écologique plus large.
La plupart des plantes messicoles produisent des quantités de nectar et de pollen disponibles dans le temps et dans l’espace pour les pollinisateurs. Elles hébergent de nombreux autres insectes auxiliaires, dépendants des plantes sauvages pour se reproduire et se nourrir au cours de leur cycle de développement. En offrant abri et nourriture à l’entomofaune, elles contribuent au bon fonctionnement de l’agrosystème et participent indirectement à la pollinisation des espèces cultivées et à la lutte contre les ravageurs des cultures.
Autrefois considérées comme communes, les plantes messicoles ont considérablement régressé depuis le XXe siècle. Leur régression est attribuée aux importants changements de pratiques agricoles opérés en Europe depuis les années 1950. La motorisation des engins agricoles a suscité un regroupement des parcelles qui a conduit à la réduction des linéaires de bordures propices à la diversité floristique. La généralisation du labour profond a entrainé la sélection d’espèces à graines dormantes et à longévité élevée. La généralisation de l’emploi des herbicides est le facteur le plus préjudiciable puisque ces produits détruisent les plantes dès la germination. Et si les plantes messicoles sont avant tout menacées par l’intensification des pratiques agricoles, elles le sont aussi par l’abandon des cultures et la baisse des surfaces en céréales.